dimanche 18 mars 2012

Progressive prise en compte des « valeurs populaires »

Les valeurs de départ, incarnées par « les élites » sont naturellement celles que véhicule le monde moderne occidental : instruction dans les langues et religion (catholique) dominantes ; quête de confort par l’emploi, l’enrichissement ; maîtrise de la santé et de la sécurité qui passe par l’industrialisation croissante au détriment des valeurs rurales.
Or, très tôt, les dirigeants haïtienset surtout les intellectuels, de Boirond-Tonnerre, aux frères Nauet Ardouin en passant par Tertulien Guilbaud jusqu’à Beauvais Lespinasse, qui maîtrisaient parfaitement la langue française, ont pris conscience du fossé qui les séparait de plus en plus de leurs concitoyens majoritairement d’origine rurale. Les difficultés de gouvernance et la force des préjugés raciaux et/ou de classes empêchaient cette population d’avoir accès aux progrès du monde moderne que promettaient toujours les dirigeants.
Dès cet instant, les écrivains ont su que la conquête de la dignité du peuple haïtien passait par la récupération de sa langue : le créole et la valorisation de mœurspropres à l’univers rural (travail agricole, loisirs, protections, sécurités, croyances, rêves et espérances qui relèvent des mœurs paysannes). Pour autant, cette dynamique n’excluait pas lestendances au mépris des classes dites « inférieures » ni la puissance des préjugés racialistes.

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