mardi 10 juillet 2012

Ecolier Haïtien, on t'a parlé des beautés et des richesses de ton pays. On t'a rappelé les héroïques exploits accomplis par ceux qui ont combattu pour te léguer une patrie. Et on t'a dit: aime-la. Oui, tu dois l'aimer. Aime-la sans paroles vaines, sans gestes inutiles. Est-ce que tu vas partout répétant que tu adores ta mère? Tu te contentes de la chérir dans ton coeur et cela vaut mieux que les plus belles phrases.Mais si elle souffre, si elle est malheureuse, tu seras prêt aux sacrifices les plus grands, tu seras capable du labeur le plus pénible pour soulager ses souffrances et lui apporter un peu de bonheur. Ainsi tu aimeras ta patrie. N'imite pas ceux qui clament sans cesse leur patriotisme, mais ne font aucun effort pour rendre leur pays plus fort et plus respecté. Prépare toi à être utile à ta patrie. Tu lui seras utile si, pendant que tu es enfant, tu écoutes les conseils de propreté et d'hygiene que te donnent ceux qui ont souci de ta santé; si tu assouplis et fortifies ton corps par les jeux et la gymnastique afin qu'il soit toujours vigoureux et sain. Tu lui seras utile si tu prends l'habitude du travail, développes ton intelligence et suis les leçons de tes maîtres. Tu lui seras utile si tu apprends à ne jamais mentir, à ne jamais flatter, à être toujours franc avec tes parents, avec tes camarades, avec tout le monde, afin qu'on ait confiance en toi. Rends toi donc fort par le corps, fort par l'esprit, fort par le caractère. Ce sont les forts qui réusisent dans la bataille de la vie et qui peuvent rendre à leur patrie de réels services. Haïti a besoin de tels hommes. Ne crois pas que pour etre utile à ta patrie ,il te faudra etre fonctionnaire de l'Etat, deputé, sénateur , ministre ,Président de la République. Tu pourras lui etre utile ,quelque situation que tu occuperas dans la société Citoyens utiles ,l'ouvrier qui fait loyalement sa tâche pour un salaire raisonnable; le cultivateur qui ,par des efforts intelligents et persévérants , tire de la terre tout ce qu'elle peut donner ,le commercant actif et laborieux ; le professeur qui nous instruit ,l'architecte qui bâtit nos maisons ,l'ingenieur qui construit nos route et les ponts sur nos rivières ;l'artiste qui nous charme ; le medecin qui soulage et guérit nos maux physiques ;l'avocat qui prend soin devant les tribunaux de nos interets menacés ; tous ceux qui produisent, tous ceux qui travaillent de la main ou du cerveau, tous ceux qui,cherchant à s'enrichir par un labeur honnête,enrichissent en même temps la nation Dantès Bellegarde ( Dessalines a parlé )


vendredi 6 juillet 2012

Biographie de Christophe Phillipe Charles

Dans l'histoire de la littérature haïtienne, le nom de Christophe Philippe Charles est partout. On a l'impression que c'est lui qui organise les catalogues, nuance les répertoires, classe la position des auteurs haïtiens dans tous les ordres chronologiques possibles. Qu'il s'agisse de critique littéraire, de poésie ou de travaux monographiques, il faut, coûte que coûte, tenir compte de la voix de monsieur Charles.
Né à Port-au-Prince le 29 avril 1951, Christophe a fait des études universitaires et obtenu un diplôme en Lettres. Cet écrivain prolifique se présente à ses lecteurs sous divers pseudonymes, comme si la pluralité des genres réclamait de lui une multiplicité de signatures. Pour la poésie, il devient Christopher Love, pour la critique, il se nomme Christophe Philippe Charles. Finalement, quand il passe de la littérature à la philosophie, il utilise un curieux pseudonyme : Jean Merdalor.
Depuis plus de 20 ans, cet écrivain poursuit aussi une carrière sérieuse dans l'enseignement. Il a d'ailleurs fondé à Port-au-Prince une école de journalisme où plus d'une génération de journalistes haïtiens ont acquis les principes de base de cette profession honorable. Charles a en plus une maison d'édition, Choucoune , qui publie des jeunes à frais d'auteur et réédite, en même temps, des œuvres de pionniers dela littérature haïtienne tels Etzer Vilaire et Oswald Durand. Parmi les maisons d'édition haïtiennes, Choucoune est probablement celle dont les coûts de fabrication sont les plus abordables. Et c'est ce qui explique la variété deson catalogue où, au début de leur carrière, se sont côtoyés des auteurs aussi importants que Louis-Philippe Dalembert, Marc Exavier et Robenson Bernard.
Christophe Charles écrit en français et en créole. Dans la langue vernaculaire, le nom se créolise et devient : Christophélès.


Oeuvres principales:
Poésie:
L'Aventure humaine . Port-au-Prince: Choucoune,1971, 29 p.
Le Cycle de la parole . Préface de Ulysse Pierre-Louis. Port-au-Prince: Choucoune, 1973; Port-au-Prince: Choucoune, 1981.
Hurler . Port-au-Prince: Choucoune, 1974.
L'Aventure humaine (par Christopher Carlos). Tome 1: L'Ardant sanglot . Préface de Pierre Clitandre; tome 2: Désastre . Préface de Roger Gaillard. Port-au-Prince: Choucoune, 1975.
L'Aventure humaine: poésies 1964-1974 . Tome 1: L'Ardant sanglot (165 p.) ; tome 2: Désastre . Port-au-Prince: Fardin, 1975.
Sept poèmes marassa . Port-au-Prince: Choucoune,1977.
L'Ardant sanglot . Préface de Pierre Clitandre. Port-au-Prince: Choucoune,1978.
Cicatrices . Port-au-Prince: Choucoune, 1979, 20 p.
Pwezigede . Port-au-Prince: Choucoune, 1985.
Obsessions: poèmes impressionnistes et métaréalistes . Préface de Jean Fouchard, postface de René Bélance. Port-au-Prince: Choucoune, 1985, 83 p.
Poèmes pour la paix et la libération . Port-au-Prince: Choucoune, 1986, 28 p.
La Terre promise: tankas , études japonaises. Port-au-Prince: Choucoune, 1989, 40 p.
Fantasmagonie . Préface de Pradel Pompilus. Port-au-Prince: Choucoune, 1993

La littérature haitienne.

Au XVIIIe siècle , les colons faisaient éditer en France des œuvres descriptives ou politiques ( Moreau de Saint-Méry ). C’est véritablement à l’indépendance que naît la littérature haïtienne.
En 1804 , Fligneau fait jouer sa pièce L’Haïtien expatrié . Mais les classes dirigeantes et les élites intellectuelles, au sein de l’État haïtien émergent, restent très imprégnées de la culture française. Sur le fond, la littérature développe une veine patriotique qui retrace les hauts faits de la convulsive accession à l'indépendance. Sur la forme, elle épouse, au fil du XIX e siècle, les courants littéraires successifs qui viennent de France : classicisme, romantisme, Parnasse, symbolisme (jusqu’au surréalisme le siècle suivant). On peut retenir de cette période Antoine Dupré (1782-1816), Juste Chanlatte (1766-1828), François Romain Lhérisson (1798-1859) et Jules Solime Milscent (1778-1842), qui fonde en 1817 la revue L’Abeille haïtienne .
En cette période d’intense effervescence littéraire, des journaux comme Le Républicain puis L’Union ouvrent leurs pages aux premiers romantiques. L’Observateur , créé en 1819, publie de la poésie galante. C’est en effet la poésie qui va donner ses lettres de noblesse à la littérature haïtienne au cours du XIX e siècle. À partir de 1836 se forme le groupe du Cénacle, avecles poètes romantiques Ignace Nau (1808-1845), Coriolan Ardouin (1812-1838). Plus tard Oswald Durand (1840-1906), Massillon Coicou (1867-1908) se réclameront de cette mouvance.
La production théâtrale est également riche et importante, parallèle à l’éclosion du mélodrame en France. Tous les genres sont représentés : drame en prose, tragédie, comédie et les œuvres reflètent l’actualité et l’évolution des mœurs.
Le XIXe siècle se clôt sur une littérature imprégnée du prestige de la langue française et presque exclusivement tournée vers Paris. Ne touchant que la minorité de francophones alphabétisés, elle ignore le quotidien social, malgré une dimension patriotique très forte.

La littérature haitienne.

Au XVIIIe siècle , les colons faisaient éditer en France des œuvres descriptives ou politiques ( Moreau de Saint-Méry ). C’est véritablement à l’indépendance que naît la littérature haïtienne.
En 1804 , Fligneau fait jouer sa pièce L’Haïtien expatrié . Mais les classes dirigeantes et les élites intellectuelles, au sein de l’État haïtien émergent, restent très imprégnées de la culture française. Sur le fond, la littérature développe une veine patriotique qui retrace les hauts faits de la convulsive accession à l'indépendance. Sur la forme, elle épouse, au fil du XIX e siècle, les courants littéraires successifs qui viennent de France : classicisme, romantisme, Parnasse, symbolisme (jusqu’au surréalisme le siècle suivant). On peut retenir de cette période Antoine Dupré (1782-1816), Juste Chanlatte (1766-1828), François Romain Lhérisson (1798-1859) et Jules Solime Milscent (1778-1842), qui fonde en 1817 la revue L’Abeille haïtienne .
En cette période d’intense effervescence littéraire, des journaux comme Le Républicain puis L’Union ouvrent leurs pages aux premiers romantiques. L’Observateur , créé en 1819, publie de la poésie galante. C’est en effet la poésie qui va donner ses lettres de noblesse à la littérature haïtienne au cours du XIX e siècle. À partir de 1836 se forme le groupe du Cénacle, avecles poètes romantiques Ignace Nau (1808-1845), Coriolan Ardouin (1812-1838). Plus tard Oswald Durand (1840-1906), Massillon Coicou (1867-1908) se réclameront de cette mouvance.
La production théâtrale est également riche et importante, parallèle à l’éclosion du mélodrame en France. Tous les genres sont représentés : drame en prose, tragédie, comédie et les œuvres reflètent l’actualité et l’évolution des mœurs.
Le XIXe siècle se clôt sur une littérature imprégnée du prestige de la langue française et presque exclusivement tournée vers Paris. Ne touchant que la minorité de francophones alphabétisés, elle ignore le quotidien social, malgré une dimension patriotique très forte.

La littérature haitienne.

Au XVIIIe siècle , les colons faisaient éditer en France des œuvres descriptives ou politiques ( Moreau de Saint-Méry ). C’est véritablement à l’indépendance que naît la littérature haïtienne.
En 1804 , Fligneau fait jouer sa pièce L’Haïtien expatrié . Mais les classes dirigeantes et les élites intellectuelles, au sein de l’État haïtien émergent, restent très imprégnées de la culture française. Sur le fond, la littérature développe une veine patriotique qui retrace les hauts faits de la convulsive accession à l'indépendance. Sur la forme, elle épouse, au fil du XIX e siècle, les courants littéraires successifs qui viennent de France : classicisme, romantisme, Parnasse, symbolisme (jusqu’au surréalisme le siècle suivant). On peut retenir de cette période Antoine Dupré (1782-1816), Juste Chanlatte (1766-1828), François Romain Lhérisson (1798-1859) et Jules Solime Milscent (1778-1842), qui fonde en 1817 la revue L’Abeille haïtienne .
En cette période d’intense effervescence littéraire, des journaux comme Le Républicain puis L’Union ouvrent leurs pages aux premiers romantiques. L’Observateur , créé en 1819, publie de la poésie galante. C’est en effet la poésie qui va donner ses lettres de noblesse à la littérature haïtienne au cours du XIX e siècle. À partir de 1836 se forme le groupe du Cénacle, avecles poètes romantiques Ignace Nau (1808-1845), Coriolan Ardouin (1812-1838). Plus tard Oswald Durand (1840-1906), Massillon Coicou (1867-1908) se réclameront de cette mouvance.
La production théâtrale est également riche et importante, parallèle à l’éclosion du mélodrame en France. Tous les genres sont représentés : drame en prose, tragédie, comédie et les œuvres reflètent l’actualité et l’évolution des mœurs.
Le XIXe siècle se clôt sur une littérature imprégnée du prestige de la langue française et presque exclusivement tournée vers Paris. Ne touchant que la minorité de francophones alphabétisés, elle ignore le quotidien social, malgré une dimension patriotique très forte.

La littérature haitienne.

Au XVIIIe siècle , les colons faisaient éditer en France des œuvres descriptives ou politiques ( Moreau de Saint-Méry ). C’est véritablement à l’indépendance que naît la littérature haïtienne.
En 1804 , Fligneau fait jouer sa pièce L’Haïtien expatrié . Mais les classes dirigeantes et les élites intellectuelles, au sein de l’État haïtien émergent, restent très imprégnées de la culture française. Sur le fond, la littérature développe une veine patriotique qui retrace les hauts faits de la convulsive accession à l'indépendance. Sur la forme, elle épouse, au fil du XIX e siècle, les courants littéraires successifs qui viennent de France : classicisme, romantisme, Parnasse, symbolisme (jusqu’au surréalisme le siècle suivant). On peut retenir de cette période Antoine Dupré (1782-1816), Juste Chanlatte (1766-1828), François Romain Lhérisson (1798-1859) et Jules Solime Milscent (1778-1842), qui fonde en 1817 la revue L’Abeille haïtienne .
En cette période d’intense effervescence littéraire, des journaux comme Le Républicain puis L’Union ouvrent leurs pages aux premiers romantiques. L’Observateur , créé en 1819, publie de la poésie galante. C’est en effet la poésie qui va donner ses lettres de noblesse à la littérature haïtienne au cours du XIX e siècle. À partir de 1836 se forme le groupe du Cénacle, avecles poètes romantiques Ignace Nau (1808-1845), Coriolan Ardouin (1812-1838). Plus tard Oswald Durand (1840-1906), Massillon Coicou (1867-1908) se réclameront de cette mouvance.
La production théâtrale est également riche et importante, parallèle à l’éclosion du mélodrame en France. Tous les genres sont représentés : drame en prose, tragédie, comédie et les œuvres reflètent l’actualité et l’évolution des mœurs.
Le XIXe siècle se clôt sur une littérature imprégnée du prestige de la langue française et presque exclusivement tournée vers Paris. Ne touchant que la minorité de francophones alphabétisés, elle ignore le quotidien social, malgré une dimension patriotique très forte.

La littérature haitienne.

Au XVIIIe siècle , les colons faisaient éditer en France des œuvres descriptives ou politiques ( Moreau de Saint-Méry ). C’est véritablement à l’indépendance que naît la littérature haïtienne.
En 1804 , Fligneau fait jouer sa pièce L’Haïtien expatrié . Mais les classes dirigeantes et les élites intellectuelles, au sein de l’État haïtien émergent, restent très imprégnées de la culture française. Sur le fond, la littérature développe une veine patriotique qui retrace les hauts faits de la convulsive accession à l'indépendance. Sur la forme, elle épouse, au fil du XIX e siècle, les courants littéraires successifs qui viennent de France : classicisme, romantisme, Parnasse, symbolisme (jusqu’au surréalisme le siècle suivant). On peut retenir de cette période Antoine Dupré (1782-1816), Juste Chanlatte (1766-1828), François Romain Lhérisson (1798-1859) et Jules Solime Milscent (1778-1842), qui fonde en 1817 la revue L’Abeille haïtienne .
En cette période d’intense effervescence littéraire, des journaux comme Le Républicain puis L’Union ouvrent leurs pages aux premiers romantiques. L’Observateur , créé en 1819, publie de la poésie galante. C’est en effet la poésie qui va donner ses lettres de noblesse à la littérature haïtienne au cours du XIX e siècle. À partir de 1836 se forme le groupe du Cénacle, avecles poètes romantiques Ignace Nau (1808-1845), Coriolan Ardouin (1812-1838). Plus tard Oswald Durand (1840-1906), Massillon Coicou (1867-1908) se réclameront de cette mouvance.
La production théâtrale est également riche et importante, parallèle à l’éclosion du mélodrame en France. Tous les genres sont représentés : drame en prose, tragédie, comédie et les œuvres reflètent l’actualité et l’évolution des mœurs.
Le XIXe siècle se clôt sur une littérature imprégnée du prestige de la langue française et presque exclusivement tournée vers Paris. Ne touchant que la minorité de francophones alphabétisés, elle ignore le quotidien social, malgré une dimension patriotique très forte.

dimanche 18 mars 2012

Une littérature du métissage linguistique

La période romantique entre 1836et 1885 voit se développer l’évocation de la couleur locale : scènes populaires dans les villes, le travail des champs et les mœurs paysannes, le thème du vaudou…, même si le travail d’écriture manque souvent d’authenticité, restant trop proche du regard ethnographique, ainsi que le reconnaît un certain journaliste de L’Union du 17 août 1837 : « Lalangue française dans nos écrits atoujours l’air d’une langue acquise : un des bienfaits de la civilisation sera de la naturaliser chez nous. » Ainsi est enclenché le processus du métissage linguistique, quand bien même tous les écrivains ne s’engageraient pas dans cette option, loin s’en faut. Mais le débat est lancé.
Pendant les périodes de La Rondeet de la Nouvelle Ronde (1885-1925), le débat fait rage entre les tenants d’une langue d’écriture fidèle aux modèles français, comme le souhaite le grand poète Etzer Vilaire (ou Georges Sylvain d’ailleurs) qui craint de voir se développer « un langage bâtard qui n’est ni tout à fait du créole ni surtout du français », soucieux d’écrire dans une langue capable de traduire des sentiments universels ; et les adeptes de la transformation de la langue française ou du tout créole : ainsi voient le jour les romans de Frédéric Marcelin (Marilisse, 1903), de Justin Lhérisson (Zoune chez sa Ninaine)ou de Fernand Hibbert (Séna, 1905), dont la structure s’inspire d’une forme de discours dialoguécréole appelé « audience ». Grâceà cet emprunt, le roman gagne en force comique et en vitalité. Durant cette période (1884-1889), de grands débats sur les questions sociales et de souveraineté nationale, sur les problèmes de l’agriculture et de l’instruction sont portés par des essayistes de grand nom comme Louis-Joseph Janvier, Anténor Firmin et Hannibal Price, qui sont d’ailleurs réputés pour avoir développé un argumentaire anti-raciste ; ces débats sont relayés par des périodiques de renom entre 1895 et 1912 : La Ronde, La Jeune Haïti, Haïti littéraire et sociale, Haïti littéraire et scientifique…
Ensuite, la période de l’Indigénisme, suivie de celle des griots (1925-1975) sera féconde en inventions linguistiques et littéraires.
Meurtris par l’occupation américaine (1915-1935), de nombreux intellectuels haïtiens sesont engagés dans la résistance, du moins morale, au travers d’œuvres à tonalité patriotique, susceptibles de réveiller la conscience nationale. Ainsi parla l’oncle (1928) de Jean Price-Mars est un essai scientifique et didactique (ethnographique, sociologique, anthropologique…) qui a marqué l’époque, car il réconcilie toutes les composantes de la réalité haïtienne, y compris les plus contradictoires, et favorise pour chaque Haïtien une meilleure acceptation de son « moi ». Jean Price-Mars a apporté sa contribution à la culture du « métissage ». Par une démarche rationnelle et scientifique, il a tenté d’éradiquer la honte inhérente à la perception négativequ’on a des univers ruraux et africains à l’époque. Cette période voit la fondation du premier parti communiste haïtien (1934) et la création du Bureau d’Ethnologie (1941) par le poète Jacques Roumain. Un philologue haïtien, Jules Faine, fait paraître lefruit de ses recherches : Philologiecréole (1936), Le Créole dans l’univers (1939). Il faut noter également l’influence des mouvements Surréaliste et de la Négritude : André Breton et AiméCésaire sont venus en Haïti encourager les écrivains qui les ont favorablement reçus. Ces mouvements ont inspiré des tendances littéraires typiquement haïtiennes, comme le « réalisme merveilleux » initié par J.-S. Alexis ou le « spiralisme » initié par René Philoctète, Jean-Claude Fignolé et Frankétienne.
Bon nombre d’écrivains optent pour une langue française de plus en plus travaillée par le souffle, le rythme et les images del’oralité créole. L’identification de l’écrivain à son héros populaire de fiction est mieux perceptible : un texte plus affectif qui peut parfois donner lieu à de bonnes réussites : Gouverneurs de la rosée (1944) de Jacques Roumain,Les Semences de la colère (1949) d’Anthony Lespès, Parias de Magloire Saint-Aude, bien des romans de Jacques-Stéphen Alexis. Même si certains écrivains, comme Léon Laleau, puis plus tard le poète Bonnard Posy, Alix Mathon, ou Jean Brierre plaident pour un traitement classique du français, selon les règles de l’ancienne métropole, beaucoup parmi eux, comme Emile Roumer,Félix Morisseau-Leroy (Diacoute en créole) ou Franck Fouché militeront pour la production d’œuvres en créole et bilingues.
Une littérature tiraillée entre le désir de satisfaire le lecteur local et celui de satisfaire le lecteur étranger
En Haïti, les écrivains se sont toujours sentis frustrés de ne pouvoir être véritablement appréciés par la majorité de leurs compatriotes qui ne savaient pas plus lire le français que le créole. Pas de maisons d’édition à proprement parler, certes des imprimeries, mais la publication à compte d’auteur est ruineuse. Tout ce contexte incite l’écrivain àse faire éditer à l’étranger, avec les contraintes, les concessions que cela suppose, car la maison d’édition française, québécoise, suisse ou belge recherche le profit en essayant de satisfaire le plus grand nombre de lecteurs francophones. Il faut reconnaître que cette édition à l’étranger est stimulante pour l’écrivain, ravi d’accroître internationalement son audience, mais d’une certainefaçon également parmi ses compatriotes ; l’auteur est aussi encouragé à produire toujours davantage.
La dictature de François Duvalier dès les années 1965, même si ellen’a pas véritablement tari l’inspiration des écrivains, elle a réduit à néant leur liberté d’expression. C’est ainsi que beaucoup d’entre eux se sont partiellement ou totalement exiléssoit au Canada (éventuellement aux Etats-Unis), soit en France, soit en Belgique. Ainsi ont-ils pu se faire éditer plus facilement : Amour, Colère et Folie (1968) de Marie Vieux-Chauvet, Moins l’infini (1972) et Mémoire en Colin-Maillard (1976) d’Anthony Phelps, Le Huitième jour (1973) deRené Philoctète, Les Chiens (1961)de Francis-Joachim Roy, Compèregénéral Soleil (1955) et L’Espace d’un cillement (1959) de Jacques-Stéphen Alexis. Les écrits du poète René Depestre ont également bénéficié d’une grandepromotion à partir de son exil. Les œuvres de Roger Dorsinville ont été éditées à partir de son expatriation. Ainsi en est-il également de Jean Métellus dont presque tous les romans ont été publiés par Gallimard. Ces derniers temps les maisons d’éditions se font plus offensives et éditent plus volontiers des écrivains installés dans leur pays d’origine : Frankétienne, Gary Victor, Lyonel Trouillot, Yanick Lahens, etc.
L’exil, l’expatriation contribuent à modifier les données de la création littéraire haïtienne qui a tendance à se diversifier toujours davantage. A partir de 1980 domine une liberté de création. Les écrivains haïtiens, selon leur rapport au créole, selon les lieux où ils ont choisi de vivre, selon leur rapport à leur environnement social ou à la patrie, individualisent leur parcours de créateurs, donnant naissance à des styles de plus en plus variés.
Le nombre d’auteurs haïtiens francophones est en constante augmentation ainsi que, sans commune mesure néanmoins, le nombre d’auteurs haïtiens créolophones qui, pour les publications bilingues, tentent de s’associer avec des créolophones d’autres lieux géographiques (Martinique, Guadeloupe, La réunion).

Une littérature du « nous »

C’est ainsi que la littérature haïtienne s’est peu à peu distinguée de la littérature modèle, la française, par le traitement de thématiques propres comme le patriotisme et la glorification des héros des guerres d’indépendance : Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, le roi Christophe, Pétion, etc. ; l’élaboration de mythes fondateurs comme dans Stella (1859) d’Emeric Bergeaud, premier roman haïtien. La thématique du « préjugé de couleur » est constante dans les pièces de théâtres, poèmes et romans : « Le Fils du Noir », « Choucoune » d’ailleurs écrit en créole, poèmes d’Oswald Durand; et même des romans, dits exotiques parce que le cadre se situe hors d’Haïti, comme Francesca (1873) de Demesvar Delorme ou La Chercheuse (1880) de Louis-Joseph Janvier, ou Le Damné (1877) évoquent les problèmes d’amour en lien avec les préjugés raciaux. La quête de la loi, de repères est inscrite dès le premier roman haïtien. Ces préoccupations moralisatrices se manifestent à travers la prédilection pour les fables, les proverbes, les contes hérités de la tradition créole. C’est ce qui va justifier le large emploi du pronom « nous » dans bon nombre d’essais et surtout de romans.

Progressive prise en compte des « valeurs populaires »

Les valeurs de départ, incarnées par « les élites » sont naturellement celles que véhicule le monde moderne occidental : instruction dans les langues et religion (catholique) dominantes ; quête de confort par l’emploi, l’enrichissement ; maîtrise de la santé et de la sécurité qui passe par l’industrialisation croissante au détriment des valeurs rurales.
Or, très tôt, les dirigeants haïtienset surtout les intellectuels, de Boirond-Tonnerre, aux frères Nauet Ardouin en passant par Tertulien Guilbaud jusqu’à Beauvais Lespinasse, qui maîtrisaient parfaitement la langue française, ont pris conscience du fossé qui les séparait de plus en plus de leurs concitoyens majoritairement d’origine rurale. Les difficultés de gouvernance et la force des préjugés raciaux et/ou de classes empêchaient cette population d’avoir accès aux progrès du monde moderne que promettaient toujours les dirigeants.
Dès cet instant, les écrivains ont su que la conquête de la dignité du peuple haïtien passait par la récupération de sa langue : le créole et la valorisation de mœurspropres à l’univers rural (travail agricole, loisirs, protections, sécurités, croyances, rêves et espérances qui relèvent des mœurs paysannes). Pour autant, cette dynamique n’excluait pas lestendances au mépris des classes dites « inférieures » ni la puissance des préjugés racialistes.

La littérature haïtienne dans une dynamique d’émancipation

Le pays d’Haïti est le fruit d’origines multiples : d’abord, pays de tribus indiennes, parmi lesquelles les Taïnos, accaparé ensuite par les colons espagnols, puis français, Haïti s’est progressivement construit en nation, grâce, en particulier, au combat libérateur de sa population d’origine africaine, majoritairement esclave et affranchie.
Haïti est donc une jeune nation qui s’est récemment imposée sur la scène politique mondiale grâce à son acte d’indépendance de 1804. Et l’histoire de la littérature haïtienne est étroitement liée aux convulsions d’une recherche d’identité, d’une quête de racines,engagée par la société toute entière afin d’asseoir une souveraineté nationale.

La littérature haitienne

« La littérature haïtienne est la plus vénérable et a longtemps étéla plus riche des littératures ultramarines en langue française »(Léon-François Hoffman). Bien que la population haïtienne soit de langue créole et que la languefrançaise, « butin » de la guerre d’indépendance, ne soit parlée que par une minorité d’Haïtiens, les écrivains haïtiens de langue française sont nombreux, et de plus en plus célèbres, comme le montrent les nombreux prix littéraires qu’ils obtiennent ces dernières années. Comme pour les peintres, il n’est pas possible de les citer tous !
Dès 1804, les premiers ont écrit des livres sur l’histoire de leur pays : Pierre Flignaud, Pompée Valentin, Juste Chanlatte, Beaubrun Ardouin. Puis tout au long des 19e et 20e siècles, piècesde théâtre, poésie, essais et romans ont vu le jour : Julien Lhérisson s’est rendu célèbre par son roman « La famille des Pitite-Caille », Jean Price-Mars par ses poèmes, Jacques Roumain par sesromans dont le plus célèbre est «Les gouverneurs de la rosée », Jacques-Stéphen Alexis par sa quadrilogie romancée « CompèreGénéral Soleil, Les arbres musiciens, L’Espace d’un cillement, Romancero aux étoiles», mais dont la carrière si prometteuse a été interrompue par les balles de Duvalier ; René Depestre, connu pour son premier roman « Hadriana dans tous mes rêves », mais qui vit en exil en France ; Frankétienne, le démiurge du langage, qui mêle créole et français dans sa « spirale » langagière ; Jean Métellus, médecin et poète ; Anthony Phelps le poète ; LionnelTrouillot, romancier et dramaturge ; Gary Victor, le chantre des sociétés secrètes du vaudou ; Dany Laferrière, qui vit au Canada et qui a obtenu l’an dernier le prix Médicis pour son roman-poème « L’énigme du retour ».
Sans oublier la tradition des contes, et la conteuse haïtienne célèbre en France, Mimi Barthélemy.

Littérature Haitienne

La littérature haitienne naît durant la période explosive d’après la révolution, elle porte lesouffle chaud des luttes, peurs et massacres qui ont hantés ces moments clé de l’histoire. D’ailleurs, la déclaration de l’indépendance, première œuvre littéraire haitienne en est tout imprégnée. Les écrivains sont avant tout engagés et au service d’une cause ou d’un parti ; ils se nomment VASTEY, CHANLATTE, COLOMBEL …leurs écrits vantent ou soulèvent des questions sur le pouvoir en place.
En 1838, les rapports entre la France et le pays sont au beaux fixe, les bateaux français touche les ports de l’île, les étudiants sont nombreux à y embarqué pour faire leurs études de l’autre côté de l’océan. Ils ramènent à l’île les influences de la mode mais également les courants littéraires..
L’écriture haitienne à connut de nombreux courants et à toujours été fortement marqué par les influences extérieures.